La Troisième Journée départementale des comités, groupes, espaces éthiques et espaces de réflexion éthique des Côtes d’Armor »[1] aura lieu :
le Jeudi 27 avril 2017 ,
Université Catholique de l’Ouest Bretagne Nord,
Campus de La Tour d’Auvergne Guingamp sur le thème:
« Violence et souffrance dans la pratique du soin »
Depuis la parution de la loi du 4 mars 2002 relative aux droits des malades et à la qualité du système de santé stipulant que les établissements de santé mènent « en leur sein, une réflexion sur les questions éthiques posées par l'accueil et la prise en charge médicale », la réflexion éthique a peu à peu pris forme dans ces établissements. Des comités, espaces, groupes… éthiques se sont constitués en France, le plus souvent au sein des villes universitaires disposant d’un CHU, parfois à l’initiative des personnels soignants, parfois à l’initiative des responsables d’institutions.
Il est vrai que la mention de plus en plus précise de la réflexion et de la formation éthique dans les référentiels d’accréditation des établissements de santé, en a fortement incité un bon nombre à créer en leur sein des comités et espaces éthiques. Il faut dire aussi que la complexité des situations cliniques auxquelles sont confrontés aujourd’hui les personnels soignants a rendu évidente pour beaucoup l’intérêt de cette réflexion.
S’il y a en éthique des principes, auxquels on peut se référer, personne pour autant ne peut se prétendre « expert » en la matière ce qui ne va pas sans poser problème car si une expertise n’est pas possible la réflexion éthique ne peut se satisfaire d’un relativisme des valeurs et des principes ou de leur interprétation. Des questions se posent alors quand il s’agit de faire des choix relativement à des situations singulières et qu’il faut décider de ce qui est le mieux ou le moins mauvais pour le meilleur bien-être de la personne malade. Très vite il apparaît qu’une démarche éthique si elle s’impose, ne saurait s’improviser ; des formations sont donc nécessaires…
La première manière de se former est sans doute la pratique elle-même de cette réflexion éthique en situation. Mais chacun sait bien aussi qu’il apprend beaucoup sur lui-même en rencontrant les autres et que la confrontation des pratiques peut être particulièrement enrichissante et instructive.
Ce sont ces raisons qui nous font penser qu’une rencontre entre les membres des différents groupes et espaces éthiques qui se sont constitués dans le département peut avoir un intérêt.
Après une première journée (J.F. Malherbe avril 2015) centrée sur les questions relatives à « l'institutionnalisation de l'éthique », nous avons proposé de réfléchir, lors de la deuxième journée, sur « l'accompagnement des personnes vulnérables et la prise en compte, dans la pratique du soin, de la spiritualité » ( E.Fiat avril 2016). Cette année nous avons souhaité (en fonction de propositions faites par des participants aux journées précédentes) faire porter notre réflexion sur « la violence et la souffrance dans la pratique du soin ».
S'interroger sur la violence et la souffrance dans la pratique du soin peut d’abord étonner. Prendre soin, cela n'a t-il pas immédiatement une connotation de bienveillance ? Comment pourrait-il y avoir place à de la violence dans une pratique du soin, notamment lorsqu'il s'agit de prendre soin de personnes en situation de grande vulnérabilité et de grande souffrance ?
Pourtant l'expérience montre que ce n'est pas aussi simple et que de la violence peut effectivement prendre place dans la pratique du soin aussi bien de la part de la personne soignée que de la part des soignants et des aidants ; quant à la souffrance elle n'est pas le seul fait du soigné elle peut être aussi celle du soignant. Le rapport du soin avec la violence et la souffrance semble alors bien plus complexe qu'il n'y paraissait d'abord.
La violence, produite ou subie, que l'on peut observer dans la pratique du soin, peut avoir plusieurs sources et des causes multiples qui peuvent interagir. La relation asymétrique (partiellement rééquilibrée par les lois sur les droits des malades depuis les années 90) peut favoriser l'émergence de cette violence, tout comme le contexte personnel ; cette violence peut être entretenue par le fait d'habitudes de faire et de penser qui sont autant d'obstacles à la prise de conscience ; elle peut résulter aussi de problèmes relationnels liés pour une part à des difficultés d'intercompréhension faute de disposer d'un jeu de langage commun. Mais la violence peut être générée également par le fonctionnement (dysfonctionnement) d'une institution, ce qui nous fait dire alors de cette violence qu'elle est institutionnelle.
L'on comprend, de ce fait, les liens, sans doute complexes, que la violence peut avoir avec les situations de souffrance ; la souffrance peut en effet être cause de violence, tout comme en être un des effets. Là où il y a de la violence il y a aussi de la souffrance !
Ces violences, ces souffrances, quelles que soient leurs formes, leur nature, sont source d'un mal-être, d'un mal-vivre aussi bien pour les soignants que pour les soignés ; elles font obstacle à une bonne pratique d'un soin qui tente de s'ajuster au mieux aux principes éthiques de bienveillance, de respect, d'autonomie, de justice, d'équité et de solidarité.
Sans doute ne pourrons nous jamais empêcher que de la violence ait lieu, à tel ou tel moment, dans telle ou telle situation singulière à l'occasion de telle ou telle pratique du soin ; mais dans la mesure où il y a là un obstacle à une bonne pratique du soin nous devons en prendre conscience et examiner ce que sont nos pratiques effectives pour que, progressivement, elles participent au mieux être des soignés et des soignants et contribuent à faire du soin un lieu d'humanisation réciproque.
Restera encore à s'interroger sur ce qu'est véritablement la violence ! Quelle signification lui donner ? Quelle interprétation ?... Ne pourrait-il pas y avoir comme le disait J.F.Malherbe une « violence diabolique », maléfique et une « violence symbolique » et donc bénéfique (par exemple,tout acte chirurgical n'implique t-il pas une certaine forme de violence ?) ? Qu'en est-il aussi de la souffrance ? Quel sens lui donner ? N'est-elle pas une des marques de notre vulnérabilité et donc aussi de notre humanité ?
Toutes ces questions et d'autres encore seront au centre de notre réflexion. Nous souhaitons, nous en avons convenu avec les intervenantes, qu'il y ait un échange approfondi avec les participants, qu'ils soient praticiens en institution ou simplement intéressés par cette réflexion d'éthique appliquée à la pratique de l'aide et du soin ; nous souhaitons, enfin, que ces échanges donnent lieu à une réflexion au plus près d'une réalité concrète et vécue, celle de la pratique du soin au quotidien.
Nous vous remercions de bien vouloir diffuser cette information.
Pour l’Espace de Réflexion Éthique
Thérèse BOVYN, Jean-Charles SACCHI
Co-présidents de l'E.R.E.
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Organisation générale de la journée du 27 avril 2017
Matin (9h.-12h.30)
8h30 Accueil
9h-9h15 Introduction de la Journée (J.C. Sacchi)
9h15-9h45 Intervention de Mr J.M. Boles ( Espace Ethique Régional de Bretagne).
9h45-10h Pause
10h-12h30. Intervention de Mme Bénédicte LOMBART, infirmière, cadre de santé, docteure en philosophie.
« De l'usage légitime de la force à une violence illégitime » (Usage de la contention lors des soins, violence des douleurs provoquées par les soins....)
Intervention
Discussion
12h30-14h Déjeuner.
Après-midi (14h-16h15.)
14h.-15h30 Intervention d'Isabelle DONNIO, chargée d'enseignement à l'E.H.E.S.P. (École des Hautes Études en Santé Publique), psychologue- consultante-formatrice directrice d'E.S.M.S.
« Face au risque de la violence et de la souffrance, la démarche éthique au service d'une qualité relationnelle des acteurs de l'accompagnement »
15h.30-16h15 Échanges et discussion avec la présence des deux intervenantes.
16h15 Conclusion, fin de la journée.
[1] Cette Journée Départementale est organisée à l'initiative de l'E.R.E. et « sous l'égide et avec l'aide de l'E.R.E.B. » que nous remercions pour sa contribution.